Des
prises de conscience de ces enjeux de conservation et de médiation
de cette histoire ont déjà émergé
notamment aux Pays Bas, en Grande Bretagne… Ces initiatives
restent à faire connaître en France. C’est ce à quoi nous
souhaitons contribuer au travers de notre démarche de Cabinet des
Merveilles.
Autre élément de contexte : le renouvellement des générations des soignant.e.s s’accompagne d’un besoin de transmission des histoires et savoirs aux nouveaux collaborateurs/trices, que ces connaissances émanent des équipes partant à la retraite ou de celles et ceux en activité.
Ainsi lors d’une réunion du COREVIH Languedoc Roussillon, les équipes actuelles ont évoqué l’importance de transmettre aux nouveaux professionnel.le.s l’histoire des soignant.e.s qui ont accompagné des personnes pendant les années « noires » de l’épidémie. Mais aucune méthodologie n’a été pour l’instant mise en place, notre démarche a toute sa place auprès de ce type d’équipe et de processus.
D’autres éléments de contexte seraient à développer : les discriminations vécues par les personnes vivant avec le VIH, le nombre des contaminations, les pédagogies d’ETP à explorer…
Ainsi, des études2 ont recensé les difficultés de certaines personnes vivant avec le VIH à exprimer leurs ressentis, leurs inquiétudes, leurs questions et leurs interrogations auprès du personnel soignant lors de leurs suivis à l’hôpital, ou auprès des professionnel.le.s de santé de ville ainsi qu’auprès des professionnel.le.s et bénévoles des associations de lutte contre le sida. Notre démarche sera un des outils à co-construire avec ces personnes pour les soutenir dans leurs expressions.
1 « Archives LGBT : comment les Archives nationales participent-elles à leur sauvegarde ? » Clémence Jost 06.01.2016 in ArchImag.com
2 L’enquête PRELUDE 2010 et l’enquête « Discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH » 2009 et d’autres.
Quelques acteurs et actrices de la lutte contre le sida ont transmis et transmettent aujourd’hui leurs archives. La plupart ne le fait pas, notamment par manque de sensibilisation à ces enjeux de transmission et de conservation de leurs histoires.
Depuis 2012, les Archives Nationales sont parvenues à collecter un certain nombre de sources et d’archives liées à la lutte contre le Sida. En décembre 2013, les Archives Nationales ont organisé une journée d’étude sur l'histoire de la lutte contre le sida et les archives d'AIDES. A l’occasion de cette journée d’étude, de nombreux contacts furent pris avec des propriétaires privés d'archives et des associations, parmi lesquelles Act Up -Paris. Act Up Paris déposa par l'intermédiaire des Archives départementales de Seine-Saint-Denis ses archives aux Archives Nationales.
Pour Patrice Triboux, conservateur des Archives Nationales à cette époque « Cette collecte s’inscrit dans le projet scientifique, culturel et éducatif des Archives nationales au titre de la connaissance et de la sauvegarde du patrimoine archivistique des nouveaux mouvements sociaux de la France contemporaine… Le mouvement féministe, le mouvement LGBTQI et les mouvements écologiques »1.
Mais pour les associations en région, les professionnel.le.s de la santé et les individuel.le.s, ces questions de transmission de leurs archives (professionnelles, associatives, personnelles…) ne sont pas ou peu partagées avec des professionnel.le.s des archives.
C’est pourquoi en 2016 et 2017 nous avons co-construit avec l’association Frisse et d’autres associations lyonnaises deux journées d’échanges de pratiques sur ces enjeux. Et en 2018, nous organisons avec les Archives départementales du Rhône une journée où nous déposons les archives collectées.
Nous faisons également partie du comité de suivi organisé par le MUCEM à Marseille en lien avec le projet d’exposition sur l’histoire de l’épidémie du sida prévue par le musée en 2021. Nous avons animé un atelier lors du séminaire du 18 janvier 2018 (voir la trace numérique de notre atelier que nous avions intitulé « Speed dating avec les objets de la collection Bis »).